GENESES

GENESES

Au commencement était le geste.

De cacher sa nudité en drapant du tissu
La toge, l’abaya, le kimono, d’un seul trait, d’un seul geste, délicatement posé sur les épaules, le tissu devient vêtement, la matière devient forme, le vêtement devient vie.

Je crois avoir fait très tôt ce geste, naturellement.
Et depuis, ce geste premier, je l’ai reproduit à l’infini.

Parce que je dessine sans dessin un vêtement sur le corps, parce que je couvre, protège le corps en cherchant à découvrir, par la netteté de mes traits, l’essence. Parce que ma couture se fantasme sans coutures, parce que je rêve de pièces atemporelles, de vêtements de toujours, pour tou- jours, de vêtements comme des promesses déjà tenues.

C’est au Liban que je suis né trois fois :

La première en 1973,
entre Jdeidet Ghazir et Yahchouch, des villages de montagne dont l’élégance simple des habitants m’a laissé le souvenir de la noblesse de se vêtir

La deuxième en 1998,
à Beyrouth, en ouvrant ma première maison de couture

La troisième en 2020,
à Beyrouth encore, lors de l’explosion du port qui m’a gravement blessé mais m’a permis de renaître.

Dans ce que je crée, mon Orient et mon Occident se superposent et fusionnent, c’est mon monde. La complexité́ et la sensorialité́ orientales dans lesquelles j’ai baigné et m’immerge encore - la franchise des couleurs, l’odeur chaude et jaune du pain de la boulangerie de mon père, les notes de fleur d’oranger et de thym dans l’air, se mêle à mon obsession de la géométrie, de la neutralité́, de la rigueur, du minimal.

Cette conversation fluide entre les rives, entre les mondes, Beyrouth et Paris, les cèdres du Liban, les grenadiers de Méditerranée et leurs fruits qui se promènent dans ma mémoire, ce tissage des antipodes, c’est le berceau de ma maison.

IDENTITÉ DE LA MAISON RABIH KAYROUZ

Mes allers-retours entre la France, compréhensive compagne, et le Liban, ténébreuse maîtresse, entre prêt-à-porter et haute-couture, mes transports incessants me trahissent. Mon intranquillité, si elle provient peut-être d’un pays dédaigné par la paix, elle a donné sa pulsation, sa ligne, ses rails à ma maison.
Quand je crée ma maison à 25 ans, j’ai un geste, et un désir tout-puissant : habiller la femme, la magnifier.

C'est à Paris que j'ai présenté en 2009 ma première collection de couture, au Petit Théâtre de Babylone qui abrite jusqu’à aujourd’hui ma maison, là où je saisis l’urbanité, où j’élabore ma modernité, où je respire le mouvement.

Ni entrave, ni contrainte, ni corset, plutôt des fentes latérales pour l’amplitude de gestes et des poches partout pour y mettre les mains, plutôt une myriade de possibles, comme une robe et ses trois façons d’être portée, une ligne de choix comme autant de points de fuite, plutôt la grâce de l’esquive et du changement, de la métamorphose et de l’évaporation. Belles de jour ou de nuit, à tout âge, belles de joie ou de clairs - obscurs, belles d’être émancipées, exemptées, dispensées de codes, carcans ou préjugés.

Légères, aériennes, le vêtement comme une voile au vent pour creuser son sillon, les femmes que je vois et veux regarder sont insaisissables, des étoiles filées, des mirages qui s’échappent, des silhouettes exceptionnelles dispensées de gravité, insoumises au temps. Ces femmes existent et ont existé, elles sont des voyageuses impénitentes, des esprits curieux et des corps dansants, puissantes et courageuses.

Ma couture se veut littérature, elle romance le quotidien, donne une épaisseur gracile à l’ordinaire des gestes, sublime la banalité des moments.

Comme un bâtiment élégant dont l’équilibre dépend de la forme et des épaules sur lesquelles il est posé. De l’Orient, en effet, j’ai appris comment habiller l’ossature, comment le corps tient le vêtement quand, en Occident, le vêtement retient, voire comprime, la chair.

Mon vêtement est architecture. Ce vêtement, je le monte, je le plie, le drape, le découpe, je l’épure, je l’élève dans un même rectangle de tissu. D’un même morceau de matière, il émerge.

J’invoque l’élégance souple et la pureté. Quand j’esquisse mes modèles, je trace, d’un mouvement semblable à un réflexe, quelques traits. Parfois, parce qu’insatisfait, je repars aux premiers traits, au dépouillé ; je reviens à l’origine, pour retrouver une droiture, une simplicité, une fonctionnalité du vêtement. Facile à enfiler, à défiler et retirer.

Je mets en scène mes sources, ma liberté et celle des femmes avec : une robe chemise qui tient à la fois de l’abaya orientale, de la chemise de smoking et la blouse de peintre en coton blanc, une veste qui se pose comme on veut, à l’épaule structurée et fentes latérales, un manteau-caftan, un imprimé fauve, une robe à la fluidité de toge, au tombé relâché, mais charpentée par des bandes, une robe dite « citrouille » qui touche pudiquement le haut du corps avant de s’évase, ou un trench ondoyant mais discipliné, aux fentes hautes pour vagabonder.

Mes couleurs, comme mes gestes, sont premiers. Elles n’hésitent pas, elles s’affirment, avec une intensité qui reflète la lumière ou une profondeur qui la capture. Le vêtement décuple ainsi le pouvoir d’attraction, se fait surface de séduction.

MAISON RABIH KAYROUZ EN PERSPECTIVE

J’ai choisi de fonder ma maison sur la sacralisation du mot « RESPECT », une valeur qui régit tout. le respect primordial de mon métier, le respect ultime de la femme, le respect du corps, le respect des tissus et de la qualité du vêtement. En somme, le savoir (très-bien)-faire.

Car j’exerce un artisanat de haute-qualité. J’ai à cœur de consacrer le temps nécessaire et le soin scrupuleux à chacun des vêtements de ma maison.

Mes ateliers-boutiques me permettent de me tenir au plus près de mes clientes, de leurs besoins et leurs désirs, de répondre de façon très fluide à leurs demandes. Pour elles, je peux adapter une pièce en prêt-à-porter ou dessiner un modèle spécialement en haute couture, ou encore rééditer un modèle emblématique dans l’histoire de ma maison.

Je respecte le biorythme de ma maison et je cherche à m’adapter à des enjeux plus vastes que ceux de la Mode, ceux du Monde. Tels que la production à raison plutôt qu’à volonté, la satisfaction de la demande plutôt que la démultiplication de l’offre, le long terme.

Je prolonge autant que j’invente, je continue autant que je rénove.

Et je poursuis ma quête de transcendance :
créer, garder, transmettre un vestiaire qui soit comme une ombre. Portée. Héritée. Léguée, et prolonger l’éphémère.

nos boutiques

Nos collections habitent des lieux empreints d’histoire et d’une personnalité qui leur font écho : chacun d’eux reflète la délicatesse qui définit Maison Rabih Kayrouz. Venez visiter nos boutiques à Paris, Londres et Beyrouth,  ou bien retrouvez nos points de vente ici.